Édition du 15 Février 2007
Madyson Rutherford
Blake et Jordan Rutherford sont très fiers d'accueillir leur premier enfant, Madyson. Née le 13 février à 3:12pm, elle a emplit leur cœur de joie. En effet, cela faisait déjà deux ans que le couple tentait d'avoir un enfant sans succès ; les progrès de la science leur ont permis de réaliser leur rêve rapidement puisque ce n'est que deux mois après son premier rendez-vous que Blake apprit qu'elle était enceinte de trois semaines déjà.
Nous leur souhaitons beaucoup de bonheur.
On l'aura donc compris, c'est entourée d'amour que pu grandir la petite Madyson. Comblés par l'arrivée de la demoiselle, ses parents ne tentèrent jamais d'avoir d'autre enfant. De toute façon, l'intervention médicale coûtait trop cher et ils préféraient garder cet argent pour combler leur petite princesse. Elle n'était pas pourrie-gâtée mais elle n'était pas à plaindre non plus. Ses parents faisait ce qui était le mieux possible pour elle ; lui inculquant de bonnes valeurs tout en lui faisant plaisir également. Tout ce qui importait était qu'elle soit aussi heureuse qu'eux.
Bien sûr, autour de cette petite famille cent pour cent humaine vivaient des mutants mais jamais cela ne les a dérangé ; ils avaient même des amis parmi eux. Ils vivaient avec sans être gêné par ces créatures qui sortaient de l'ordinaire. Le couple ne trouvait pas que cela était un plus d'être mutant, il trouvait même que ça devait parfois être contraignant mais ils ne critiquaient pas, ce n'était pas leur genre.
Pour fêter les cinq ans de Madyson, ils voulurent faire les choses en grand. Ainsi, ils organisèrent une petite fête dans le jardin de leur maison de Greenwich Village et invitèrent tous les amis de Mady. Ils avaient aussi installé une balançoire qu'ils avaient loué et fait venir un clown. Tout semblait réellement parfait...
Mais la perfection n'existe pas, elle n'est qu'une chimère. Ces enfants étaient tous très jeunes et il y avait parmi eux des descendants de familles humaines mais également mutantes. Qui aurait cru qu'un enfant si jeune découvrirait un don de feu à cette petite fête d'anniversaire ? Eh bien personne mais c'est pourtant ce qui arriva et la perruque du clown en prit un sacré coup, révélant une Coulrophobie chez la demoiselle. Bien sûr, la fête prit fin plus tôt que prévu au grand désespoir de Blake et Jordan qui voulait que tout soit parfait.
Dans sa grande sagesse du haut de ses cinq ans tout frais, Madyson alla les voir alors qu'ils étaient affalés sur le canapé une fois tout le monde partit. Elle s'installa entre eux et leur dit alors de sa petite voix :
« Pour que ça soit parfait, on aurait dû être que tous les trois ! »Elle leur fit un sourire radieux qui les fit fondre et un câlin familial s'en suivit. Cette histoire serait sans doute bien vite oubliée, ce n'était finalement peut-être pas si grave. Après tout, personne n'avait été blessé ! Et le clown se rachèterait une perruque ... Les Rutherford étaient même prêts à la lui payer !
••• Un vendredi de 2014
FLASH INFO
« Il est demandé à tous les humains la plus grande prudence. Il semblerait que les Seekers, un groupe de mutant resté assez discrets jusqu'à maintenant, aient décidé de montrer leur puissance et d'imposer leurs idéaux. Vu les slogans scandés dans les rues, ils ont commencé une grande Purge qui vise à accélérer l'extinction déjà remarquée des humains.
Si vous avez de quoi vous cacher, nous vous le conseillons grandement. Il semble que les forces de l'ordre ne soient pas en mesure d'assurer la sécurité de tous les humains de New York. »Entendre ça à tout juste sept ans et voir ses parents paniquer, croyez bien que ça peut vous traumatiser une enfant ! Et ce fut bien sûr le cas pour Madyson. Enfin, s'il n'y avait eu que ça, ça aurait été mais elle eut droit à pire...
Ses parents préparèrent des sacs, il fallait fuir d'après eux, ils ne pouvaient pas rester là ; ils n'avaient même pas une cave où se cacher alors que faire à part prendre la fuite ? Seulement ce fut là leur erreur. En sortant de chez eux par derrière, ils furent repéré par leur voisin ; ils ne le savaient pas Seeker et pourtant ... il les prit en chasse, bien décidé à aller jusqu'au bout. Pour Blake et Jordan, ça sentait mauvais ; comment fuir avec quelques bagages, un jeune enfant et un mutant déterminé aux fesses ?
Impossible hélas...
Face à un humain, ils auraient peut-être eu leur chance mais mutant = pouvoirs et celui-ci en avait. Il en fit usage bien sûr, créant une onde de choc qui fit céder le béton sous leurs pieds. Jordan eu juste le temps de pousser Mady pour qu'elle ne tombe pas avec eux. Il avait bien sûr lâché les bagages et avait tendu une main vers sa femme et l'autre vers le bord du béton. Mais s'il avait été assez rapide pour lui, il ne l'avait pas été assez pour la femme de sa vie et il avait pu la voir sombrer dans le trou causé par le don du mutant. Ce pouvoir était étrange car une fois la terre fissurée, on ne voyait que ce qui ressemblait à un trou noir ; c'était terrible.
Jordan réussi à se hisser au bord pour voir où était Madyson ; elle avait l'air sonné, sans doute le choc mais il voyait sa petite poitrine s'élever, elle était donc en vie, il n'avait pas tout perdu. La mutant bondit alors près de lui, le regardant avec un profond mépris.
« Tu as vraiment cru que tu pourrais m'échapper ou survivre ? »Jordan n'était pas dupe mais il était vrai qu'il avait espéré. Il ne prononça alors que quelques mots avant de se laisser tomber dans le trou noir de lui-même :
« Protégez juste mon enfant ! Par pitié ! »Le mutant se redressa, visiblement surpris de l'attitude du père. Cela dit, il n'aurait rien fait à l'enfant, elle était trop jeune pour qu'on sache si elle aurait des dons ou non. Il attendrait qu'elle ait passé les seize ans pour savoir s'il la tuait ou pas. Certains dons se réveillaient en effet plus tard que d'autres ; il fallait donc être patient.
Le mutant, qu'on nommera Sean, s'approcha de Mady et l'observa. Il la trouva réellement jolie même si elle était extrêmement jeune. Il ne la donnerait pas aux Seekers, ce serait lui qui l'élèverait même s'il avait à peine 18 ans. Il saurait quoi faire... C'est du moins ce que les parents du jeune homme durent se dire. Il n'avait pas voulu la tuer, il devrait alors l'assumer. Il prendrait sur son argent de poche pour la nourrir et devrait même sûrement se trouver un petit boulot pour ça mais eux ne se chargerait de rien. Sean serait seul sur ce coup-là. Même si bien sûr, ils lui permettait d'avoir toujours un toit solide sur la tête.
C'est donc ainsi que Madyson se trouva liée à celui qui deviendrait plus tard son maître mais ça ... personne n'en savait encore rien !
•••
La vie avec le mutant était assez particulière. Déjà parce que Madyson n'avait jamais été à ce point liée à l'un d'eux et parce qu'elle ne le voyait comme rien d'autre que la personne ayant tué ses parents. Lui semblait fasciné par la demoiselle et il faisait tout ce qu'il pouvait pour la protéger et pour l'élever au mieux. Leur relation était des plus étranges.
Elle semblait lui vouer une haine sans pareil alors que lui semblait fou d'amour malgré leurs onze ans d'écart. C'était à n'y rien comprendre.
Bien entendu, il était difficile pour Sean de supporter le regard plein de méprit de Mady aussi fit-il ce qu'il s'était juré de ne jamais faire : aller voir une de ses amies psy. Ho non, pas une psychiatre ; loin de là. Il l'appelait « psy » parce que son pouvoir était psychique ; Kara avait la capacité de moduler la mémoire des gens sans pour autant tout effacer. Il lui demanda donc de transformer le souvenir de la mort des parents de Madyson. Elle ne supprima pas leur mort mais elle en modifia les paramètres. Ils étaient dès lors bel et bien morts dans ce trou béant mais ce dernier avait été causé par une catastrophe naturelle ; le mutant aurait fait son possible pour les sauver mais il était déjà trop tard. Kara avait conservé les paroles du père de Mady qui lui semblaient essentielles pour que la demoiselle se sente protégée par Sean.
C'est ainsi qu'elle devint donc moins acerbe vis à vis de lui mais tout avait un prix et il fallait qu'elle évite de parler aux autres personnes de son âge pour qu'aucun d'entre eux ne lui raconte qu'il n'y avait jamais eu ce genre de catastrophe naturelle. Sean prit alors sa décision bien qu'il était à la base contre cette méthode : il ferait d'elle sa goule mais elle n'en serait pas consciente de suite. Et puis ... si elle révélait un don, ça changerait la donne !
Après quatre ans passé chez Sean, celui-ci devint plus absent. Il ne le lui avait pas dit mais il avait enfin trouvé quoi faire de sa vie. Ce ne fut que quand il en fut sûr qu'il expliqua à la demoiselle de douze ans qu'il avait acheté un bar et qu'il en serait donc le gérant. Il ne lui donna pas les détails mais il s'agissait en fait d'un bar de striptease ; il serait donc absent surtout le soir ! Mady devrait apprendre à s'occuper d'elle toute seule pour les moments où il serait au travail.
••• Oui, Sean faisait vraiment tout pour qu'elle se sente comme chez elle même si ... elle n'aurait hélas pas énormément d'amis à ajouter sur Facebook. Elle avait dû se couper des gens qu'elle aimait et les seuls avec qui elle avait des contacts à présent étaient quelques Seekers et leurs goules. C'est sûr, ça lui faisait parfois de la compagnie mais rien ne remplacerait les amis qu'elle avait pu avoir. Elle s'en contentait, elle savait qu'elle n'avait pas le choix.
Sean avait beau faire, Mady ne se sentait pas libre pour autant. Et plus elle grandissait plus elle se voyait elle aussi comme l'une de ces goules...
•••
Une nuit de 2023
Ce soir-là, elle était restée éveillée toute la nuit pour l'attendre. Elle voulait savoir. Elle estimait qu'à présent, elle était assez grande pour savoir ce qu'il en était réellement de tout cela. Elle aurait bientôt seize ans, elle était en âge de comprendre.
Quand il rentra enfin, il avait l'air exténué mais cela n'avait pas d'importance pour elle, elle lui parlerait quand même. Il soupira en la voyant mais vint tout de même s'asseoir face à elle autour de la table de cuisine. Madyson ne lui laissa pas le temps de dire un mot et attaqua directement :
«
- Que suis-je pour toi ?
- Tu le sais bien !
- Pourquoi poserais-je la question alors ?
- Tu es comme ... comme ma petite soeur !
- Vraiment ? Il ne répondit pas, ce qui l'agaça et elle reprit donc :
Je ne suis donc pas ta goule personnelle ? Tu n'attends pas simplement que je sois majeure pour faire de moi ton esclave comme le sont toutes celles que je vois avec ceux de ton espèce ? Elle n'avait pas voulu en dire autant mais une fois que les vannes étaient ouvertes, difficile de l'arrêter.
-
Quand bien même tu le serais, qu'est ce que ça changerait ? Je suis la seule famille qui te reste ! »
A ces mots, il quitta la pièce sans laisser à Mady le temps de rétorquer quoi que ce soit. Cela la choqua. Il ne cherchait même pas à nier et surtout, il ne lui laissait pas l'occasion de se défendre. Elle n'en avait pourtant pas fini, elle se hâta donc de le suivre mais il s'était enfermé dans la salle de bain.
Elle frappa un moment à la porte mais celle-ci restait désespérément close. Elle hurla donc à travers :
«
- Je ne suis pas de ta famille ! On n'a aucun lien de sang ! Et bientôt je serais libre de partir !!! »
Que n'avait-elle pas dit là ?!
La porte s'ouvrit alors brusquement, laissant apparaître Sean en serviette. Elle ne le voulu surtout pas mais cela fit monter quelques rougeurs à ses joues ; elle se concentra donc sur le regard - visiblement furieux - du mutant.
«
- Partir ? Pour aller où ? Tel que c'est partit, tu resteras à jamais une simple humaine banale, sans aucun don pour te protéger et donc, faisant partie d'une espèce en voie d'extinction. Je suis ta seule chance de survie car crois-moi ... si tu quittes cette maison, tu signes ton arrêt de mort ! Dois-je te rappeler où je me situe au sein des Seekers ? J'ai fait une promesse à ton père et même s'il était un simple humain, j'aimerais pouvoir m'y tenir donc évite de me mettre des bâtons dans les roues ! »
La porte se referma aussi sec et elle en resta sans voix, se dirigeant vers sa chambre. C'était donc ainsi qu'il la considérait ? Comme une simple humaine sans grande valeur et si elle était encore en vie, c'était uniquement pour tenir cette fichue promesse ?
Là où c'était désespérant, c'était qu'il avait raison... Madyson avait depuis longtemps perdu l'espoir d'avoir le moindre gêne mutant et elle savait donc ce qui l'attendait mais de là à se le prendre en pleine face de la sorte, ça faisait mal. Au moins ... elle était fixée !
•••
13 février 2028
Ce soir, notre demoiselle fêtait ses vingt-et-un ans et avec eux, sa majorité. Elle ne savait pas trop ce que son maître lui avait réservé.
Leur relation avait été plus tendue depuis ce fameux soir où ils avaient eu leur conversation houleuse même si les choses s'étaient un peu apaisées. En effet, Mady avait compris qu'elle n'avait pas le choix et qu'il était effectivement le seul à pouvoir la garder en vie.
Visiblement, de son côté à lui, la fascination ne l'avait jamais quitté. Il avait gardé sa soirée pour être en compagnie de sa goule ; sans doute avait-il prévu quelque chose de précis. Quand la belle arriva dans le salon, deux coupes de champagne et Sean assit sur le canapé l'attendaient. Elle était perplexe.
«
- Installe-toi ! Maintenant que tu as le droit de boire de l'alcool, on va fêter ça ! »
Et depuis quand un Seeker s'inquiète-t-il des lois ? Devait-elle lui ressortir les textes qui parlent de l'abolition de l'esclavage ? Enfin ... elle n'allait pas chipoter ! Depuis le temps qu'elle voulait goûter à cette boisson tant appréciée de tous.
A peine eut-elle but une nouvelle gorgée que Sean reprit la parole.
«
- Alors ? Mais il ne laissa pas réellement répondre et enchaîna :
Tu as maintenant l'âge légal pour tout... Il est temps pour toi d'avoir un travail et vu que je gère justement une ... "entreprise", j'ai une place pour toi. Il va de soi que c'est une offre en or que tu ne peux pas refuser... Il prit le temps de boire une gorgée de sa coupe, attendant certainement une réaction de sa goule qui pourtant restait muette, attendant ladite proposition.
J'ai besoin d'une danseuse vedette pour mon show ; ce sera toi. Demain, j'installe une bar de pole-dance dans ta chambre. Tu as une semaine pour t'entrainer. »
Mady resta bouchée bée. Elle savait qu'il tenait un bar mais pas un de ceux où on a besoin d'une danseuse et d'une bar de pole-dance.
«
- Attend attend ! C'est quel genre de danse au juste ? -
Striptease. Je sais que tu as le potentiel et il est bien sûr inutile de discuter ! Ha ! Il te faudra aussi un nom de scène !»
Les choses étaient claires ... Elle n'aurait pas le choix et ce n'était même pas la peine de chercher à se défiler. Elle n'oubliait jamais qu'il n'avait qu'à tendre le bras pour la faire disparaître...
Autant dire qu'elle aurait souhaité autre chose comme cadeau d'anniversaire mais encore une fois, il faudrait se montrer la plus maline et montrer aux gens ce qu'ils veulent voir. Faire comme si tout allait bien, faire plaisir à Sean mais, en secret, au plus profond d'elle, préparer son évasion. Car oui, elle comptait bien le quitter un jour ou l'autre. Cette vie n'était pas pour elle...
C'est d'ailleurs de cette pensée que lui vint son fameux nom de scène. Dans ses lectures, elle avait beaucoup aimé celles qui traitaient du mont Olympe et celui-ci lui apparu un peu comme le lieu de sa liberté : à la fois paradisiaque et inaccessible. Ce serait donc ça ! Olympe, stripteaseuse...
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Aujourd'hui, Mady a l'impression de ne pas avoir beaucoup évolué à ceci près qu'une de ses amies goule lui a parlé d'humains résistants qui préparent quelque chose contre les mutants. Elle aimerait les rencontrer pour savoir ce qu'il en est de leurs projets mais elle sait que ce ne serait pas évident. D'abord à cause de Sean qui est toujours près d'elle et qui peut la surveiller constamment maintenant qu'elle travaille pour lui et ensuite parce que les résistants se méfieront sûrement d'une personne qui peut être aussi proche des mutants...
Cela ne s'annonce pas des plus simple mais elle n'abandonnera pas aussi facilement... Comme son maître a promis à son père de tenir sa promesse, elle se promet à elle-même qu'elle y parviendra.